Un jour du commencement de l'année 1830, trois jeunes hommes s'engageaient dans une rue nouvellement percée*) près des Champs-Elysées et se dirigeaient vers une maison solitaire, la seule de la rue. L'un, qui semblait avoir dix-neuf ans, marchait d'un pas alerte et ailé "pareil à celui de l'autruche"; ses beaux cheveux blonds étaient déjà un peu clairsemés, son corps légèrement courbé en avant, et il avait toujours les poches bourrées de manuscrits. C'était le poète rêveur et extatique Gérard de Nerval, qui ordinairement était chargé de faire les courses dans Paris pour ses amis. A côté de lui, marchait, avec une prestance majestueuse et une gravité castillane, un
*) C'était la rue Jean-Goujon dans le quartier François ler. Après les premières représentations d'"Hernani", Victor Hugo avait quitté la rue Notre-Dame-des-Champs pour se soustraire au?: Tisites importunes.
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jeune homme pâle portant une longue barbe noire, Petrus Borel, qui avait alors vingt-deux ans et était l'aîné et comme l'astre du groupe. Derrière eux suivait, en proie à une émotion visible, et d'un pas hésitant, un beau garçon de dix-huit ans, au teint olivâtre, qui devait être présenté pour la première fois par ses amis au locataire de la maison, à Hugo lui-môme. "Deux fois", raconte-t-il luimême,*) "uous montâmes l'escalier lentement, lentement, comme si nos bottes eussent eu des semelles de plomb. L'haleine nous manquait; nous entendions notre coeur battre dans notre gorge et des moiteurs glacées nous baignaient les tempes. Arrivé devant la porte, au moment de tirer le cordon de la sonnette, pris d'une terreur folle, nous tournâmes les talons et nous descendîmes les degrés quatre à quatre poursuivi par nos acolytes qui riaient aux éclats.
Une troisième tentative fut plus heureuse; nous avions demandé à nos compagnons quelques minutes pour nous remettre, et nous nous étions assis sur une des marches de l'escalier, car nos jambes flageolaient sous nous et refusaient de nous porter, mais voici que la porte s'ouvrit et qu'au milieu d'un flot de lumière, tel que Phébus et Apollon franchissant les portes de l'Aurore, apparut sur l'obscur palier, qui? Victor Hugo lui-même dans sa gloire . . . avec, pour costume, une redingote noire, un pantalon gris, un petit col de chemise rabattu. On n'aurait vraiment pas soupçonné dans ce parfait gentleman le chef de ces bandes échevelées et barbues, terreur des bourgeois à menton glabre ... Il sourit, mais ne parut pas surpris, aj'ant l'habitude de rencontrer journellement sur son passage de petits poètes en pâmoison."
11 était sur le point de faire sa promenade comme un simple mortel, ce qui étonnait fort Gautier qui se figurait qu'il n'eût dû sortir par la ville que sur un char
*) cf ïlistoire du Ivomaiitisine p. 9. Brandes, l'école iomanti(iae en France. 18
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triomphal traîné par un quadrige de chevaux blancs *). Il rentra donc dans son cabinet avec ses jeunes visiteurs, et la conversation s'engagea, sans que Gautier osât d'abord y prendre part. Dès ce moment commença pour Gautier une nouvelle époque; il devint et resta jusqu'à sa mort le disciple reconnaissant, l'admirateur, le héraut de Hugo, "son maître et son auteur", et il lui fut toujours fidèle malgré leur longue séparation et la divergence de leurs idées politiques.
Gautier fut introduit près de Hugo à l'occasion de la première représentation d'"Hernani". On allait alors chercher chez le maître des liasses de petits carrés de papier rouge au coin desquels était imprimé le mot espagnol "hierro". Déjà il avait lu les "Orientales", et il était un admirateur enthousiaste d'"Hernani" avant même de le connaître.
Dans le quartier qu'il habitait il était célèbre par ses excentricités; en vrai romantique qu'il était, il s'amusait à provoquer les philistins de toutes les manières. Il portait ordinairement un pourpoint de velours noir et des gants jaunes; sa chevelure mérovingienne, châtain foncé, qui faisait ressortir son teint mat, se déroulait à grands flots sur ses épaules. Il allait toujours nu-tête, un parapluie à la main et le cigare aux lèvres, semblant narguer tout le monde par sa démarche altière et majestueuse.
Mais, pour la première représentation d'"Hernani" il sentit la nécessité de se singulariser encore plus. Il se fit faire "un gilet rouge" dont la légende est devenue célèbre. Ce Eouge n'était pas le Kouge révolutionnaire, c'était le Kouge dans lequel les jeunes artistes voyaient un sj^mbole de leur haine contre les "grisâtres". Gautier choisit donc pour son gilet un morceau de satin vermillon dont la couleur lui plaisait comme la soie plaisait à Véronèse. Une fois en possession de son trésor, il fit venir son tailleur et lui développa son idée: le gilet devait avoir la forme d'une cuirasse de Milan s'as'rafant dans le dos. "Nous ne
*) cf. Gautier: Portraits contemporains.
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connaissons pas de mots, avoue Gautier, qui puissent exprimer suffisamment l'air ahuri de notre tailleur lorsque nous lui exposâmes ce plan de gilet . . . ,et les cahiers d'expression du peintre Lebrun, à la page de l'ETONNEMENT, ne contiennent pas de tètes aux pupilles plus dilatées, aux sourcils plus surélevés et chassant les rides du front vers la racine des cheveux, que celle offerte en ce moment par l'honnête Gaulois (c'était son nom).
— Mais, monsieur, objecta timidement le tailleur, ce n'est pas la mode,
— Eh bien ! ce sera la mode quand nous l'aurons porté une fois.
— Je ne connais pas cette coupe; ceci rentre dans le costume du théâtre plutôt que dans l'habit de ville, et je pourrais manquer la pièce.
— Nous vous donnerons un patron en toile grise que nous avons dessiné, coupé et faufilé nous -même; vous l'ajusterez."
Le gilet fat fait pourtant, malgré la répugnance du tailleur, et le soir de la première représentation d'"Hernani" (25 février 1830) Gautier supporta avec une sereine impassibilité les ricanements des philistins qui le montraient du doigt. Son nom grandit inséparable de la légende du gilet rouge, bien qu'il ne l'eût porté que ce soir-là. Longtemps il ne fut célèbre que par son gilet, et moi-même, à Paris en 1867, j'ai rencontré des gens persuadés qu'il le portait encore. Dans l'histoire de la littérature française le gilet rouge flamboie toujours comme un symbole naïf de l'amour qu'éprouvait cette jeunesse enthousiaste pour la couleur et l'éclat, je veux dire pour l'art, l'art pur. Il est peu de poètes qui aient poussé aussi loin que Gautier l'amour de l'art pour l'art. Il garda cet amour toute sa vie, mais dans sa jeunesse il le ressentit avec toutes les jouissances qu'il donne, toute l'admiration, tout le courage et toute la haine qu'il inspire. C'est pourquoi, bien qu'il fût lui-même un maître, il admirait avec une noble modestie tous les autres artistes. Il fut
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le page de Hugo et l'ami dévoué de Balzac. 11 était né poète, mais l'admiration le fit critique et personne ne goûta comme lui un vers bien tourné, une expression brillante et pittoresque, une imagination puissante et hardie. Il était peintre plutôt encore que poète, et personne n'apprécia comme lui l'originalité forte, bien qu'incertaine de Delacroix, l'éclat incomparable de son coloris. Avec quelle passion n'attaque-t-il pas la platitude de Scribe et les projets de réforme de Casimir Delavigne, les vaudevilles languissants et les tragédies passionnées, lui qui adorait le style et qui aimait beaucoup mieux aller au cirque qu'assister à une comédie bourgeoise au Théâtre du Gymnase! Au cirque au moins on ne faisait que crier hop ! hop ! on ne péchait donc pas contre la syntaxe et la métrique comme le faisait Scribe. Quels cris de rage il poussa contre Delaroche dont le moyen-âge "coquet et lustré" séduisait les philistins plus que celui de Hugo et de Delacroix! Mettre le talent timide au-dessus du génie audacieux, c'était, aux yeux de Gautier, le plus abominable des crimes. H fallait le voir bondissant comme une bête fauve sur ces talents popul'aires qu'il voulait terrasser. Il avouait lui-même plus tard qu'à cette époque il haïssait Delaroche d'une telle haine esthétique et sauvage "qu'il en aurait volontiers mangé".
L'art pour l'art! Telle fut la devise de Gautier, c'est- à-dire qu'il aima l'art pour lui-même moral ou immoral, utile ou inutile, national ou non. Cette idolâtrie de l'art marque une nouvelle phase dans l'histoire du romantisme.
La littérature renaissante avait été d'abord la glorification du catholicisme et de la monarchie. Avec Hugo plus tard domina pendant quelque temps l'enthousiasme pour l'art. Mais chez la plupart des romantiques cet enthousiasme était inconscient et se confondait avec l'amour du moyen -âge, du XVI ^ siècle, des passions violentes, de la couleur locale etc. Gautier fut le seul qui eut pleinement conscience du principe artistique dissimulé chez les autres, et c'est pourquoi son nom est intimement lié à cette lutte de la Poésie pour l'indépendance.
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A ne considérer" que certaines préfaces de Hugo (par exemple celle des "Orientales") on pourrait croire sans doute que lui aussi ne poursuivait rien que la liberté dans Fart. Mais Hugo manquait du calme nécessaire pour soutenir ce combat toute sa vie. Cela était réservé à son disciple préféré. Pour Gautier comme pour les romantiques allemands, le romantisme français fut une déclaration de guerre au principe utilitaire en faveur de Tindépendance absolue de l'art.
Théophile Gautier naquit à Tarbes le 31 août 1811 d'une famille honorable et ardemment royaliste. Comme €elui de Hugo et celui de Dumas, son père fut un vaillant olficier. Le père de Hugo, commandant sous Napoléon, s'était trouvé aux prises en Italie avec Fra Diavolo; plus iard, général et gouverneur sous Joseph, il avait combattu les insurgés espagnols. Quant au père de Dumas, c'était un athlète qui, selon la légende, (ou plus exactement selon l'affirmation de Dumas fils) pouvait écraser un cheval «ntre ses jambes, qui broya de ses dents un casque et défendit seul contre vingt hommes le pont de Brixen. Le grand-père de Gautier s'était couvert de gloire à Berg-op- Zoom en luontant le premier à l'assaut: lui aussi était bâti en colosse; il vivait presque toujours dehors, la plupart du temps à la chasse et ne sortait jamais sans son fusil qu'il déchargeait en l'air quand il était content. Il atteignit l'âge de cent ans. Le père de Gautier qui vécut aussi longtemps manifesta la même énergie particulièrement dans le domaine intellectuel. C'était un lettré très instruit et très cultivé qui s'était affranchi des préjugés et qui applaudit l'un des premiers à la préface de "Cromwell". Il encouragea donc les essais poétiques de son fils et admira tant cet audacieux roman qu'est "Mademoiselle de Maupin" qu'il renfermait Théophile pendant qu'il y travaillait en lui disant: "Tu ne sortiras pas avant d'avoir écrit quelques pages de Maupin".
Sa mère, femme d'une beauté majestueuse dans les veines de laquelle devait couler le sang des Bourbons, s'entendait
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comme son père à le gâter et à l'adorer. Tout son entourage en taisait autant et lui donnait les noms les plus tendres, car il était déjà et resta toujours un grand artiste et un grand enfant. Combien caractéristique n'est pas l'abréviation de Théo si souvent employée pour le désigner, et qui est un témoignage de familière admiration ! Pour compléter les indications sur tout ce qui, dans ses origines, semble avoir eu quelque influence sur lui, il est nécessaire d'ajouter qu'il avait incontestablement du sang oriental dans les veines. C'est là un point très intéressant qui explique pliysiologiquement ce trait oriental qu'on remarqua plus tard chez Gautier dans sa physionomie extérieure comme dans ses oeuvres. Ainsi s'expliquent également la violence et la puissance de Dumas et de Pouschkine qui étaient tous deux de race nègre par leurs origines. Gautier était fait pour porter le fez et le turban, se mouvoir avec lenteur et dignité, et rien de plus naturel qu'il montrât à la fin, dans ses oeuvres, tant de calme. 11 vint jeune encore à Paris. Au collège Louis-le- Grand, puis au lycée Charlemagne où il fut placé, son originalité ne tarda pas à se révéler: il avait une préférence marquée pour les auteurs qui précédèrent ou suivirent "les siècles d'or" littéraires et dédaignait assez les classiques. Il se délectait dans la lecture de Villon et de Rabelais, pendant que Corneille et Eacine le laissaient absolument froid. Des auteurs latins, il ne lut avec passion également que ceux de la décadence, Claudien, Martial, Pétrone et Apulée dont il imita les vers dans tous les mètres imaginables, tandis qu'il ne goûtait que médiocrement Cicéron et Quintilien. Il montrait aussi déjà sa préférence d'artiste pour le style riche et imagé et sa haine des lieux communs qui en imposent à la foule et qu'on rencontre dans tout écrivain classique. Un poète inculte et audacieux comme le basochien Villon, un romancier plein de sève et de couleur comme Rabelais avaient, aux yeux de Gautier, le mérite inappréciable de n'avoir point le vernis du grand siècle ni sa manie d'abstraction. Apulée qui avait, dit-on, du sang africain dans les veines, Claudien qui était d'origine
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égyptienne devaient lui plaire plus que les orateurs et les poètes classiques du siècle d'Auguste. Car il aimait particulièrement le paradoxe, le trait piquant et caractéristique, ne reculait même pas devant le trait maniéré et aftecté, pourvu qu'il fût beau, et se sentait toujours attiré dans la littérature vers les oeuvres où se révélait une sorte de haut-goût. Homme mûr, il conserva la prédilection de sa jeunesse pour les écrivains des siècles d'argent. Cette prédilection l'amena à écrire les excellentes Etudes qu'il a publiées sous le titre "Les Grotesques" et dans lesquelles il remet à leur place tous les poètes de deuxième et troisième ordre que Boileau a stigmatisés dans son "Art poétique". Ceux-ci avaient dû céder aux grands poètes qui observaient les règles d'Aristote, et ils avaient été jetés dans l'ossuaire du la littérature, marqués au front d'un vers de Boileau. Gautier, ennemi de la régularité, en même temps que de la trivialité, entreprit de les réhabiliter; doué comme il était du sens plastique, il secoua la poussière qui couvrait tous ces poètes grotesques oubliés, chez qui se trouvent au milieu d'absurdités insipides bien des vers spirituels et même des poésies entières aussi vivantes que les meilleures de Villon et de Théophile de Viau. Si leur muse n'était pas une beauté parfaite, on peut dire d'elle cependant ce que Gautier écrivait un jour d'une femme attrayante malgré sa laideur:
Elle a, dans sa laideur piquante.
Un grain de sel de cette mer
D'où jaillit, nue et provocante.
L'acre Vénus du gouffre amer. Ces pauvres poètes du XV ^, du XVP ou duXVIP siècle qu'on trouvait couchés ivres-morts dans les ruisseaux, qui combattaient vaillamment de l'épée ou qui finissaient à lu potence, étaient, dans' leur vie aventureuse et leurs poésies, des figures caractéristiques que Gautier se plut à faire revivre.
Après avoir terminé ses études classiques, le jeune Gautier entra dans l'atelier de Rioult. Lui-même, à cette |280| époque, se faisait encore illusion, ainsi que ses parents, sur son talent de peintre et de dessinateur. En réalité, ce talent ne faisait que compléter ce don merveilleux du pittoresque qu'il possédait comme écrivain. L'avènement de Hugo dans la poésie décida de sa carrière. Après la première représentation d'"Hernani" il suivit Hugo et passa de la peinture à la littérature. De ses années d'atelier il n'emporta pas seulement le don du pittoresque, il conserva aussi dans sa conversation et toutes les fois qu'il s'exprime avec la même liberté (comme dans la préface de Mademoiselle Maupin) un langage original particulier aux peintres français.
Il se fit connaître d'abord comme poète lyrique cinq mois après la représentation d'"Heruani", et malheureusement le jour même où éclata la Révolution de Juillet, il publia ses premières Poésies qui naturellement disparurent sous les flots des événements, mais qui, à une époque moins troublée, n'auraient pas excité davantage l'attention. Gautier n'est pas un grand poète lyrique: les meilleures de ses poésies de jeunesse sont celles oîi il exprime son épicurisme païen, quand il met le bonheur dans ces trois choses: un rayon de soleil, une femme, un cheval, quand il glorifie en un mot les jouissances matérielles de la vie ("La Débauche.") La petite et admirable poésie "Fatuité", dont le titre suffit à désarmer la critique, est tout à fait caractéristique pour Gautier. C'est le cri d'orgueil d'un jeune homme plein de vigueur et de sève. J'en cite les deux premières stances:
Je suis jeune; la pourpre en mes veines abonde: Mes cheveux sont de jais et mes regards de feu; Et, sans gravier ni toux, ma poitrine profonde Aspire à pleins poumons l'air du ciel, l'air de Dieu.
Aux vents capricieux qui soufflent de Bohème, Sans les compter, je jette et mes nuits et mes jours. Et, parmi les flacons, souvent l'aube au teint blême M'a surpris dénouant un masque de velours.
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Mais, c'est beaucoup plus tard seulement que Gautier se donna entièrement à la poésie lyrique. Dans "Emaux et Camées", (un recueil de poésies en vers de huit syllabes) qui rappellent par la forme le " w e s t - ö s t l i c h e Diwan " de Goethe et le " Buch der Lieder" de Heine, le lyrisme particulier de Gautier trouva toute son expression. Là, la poésie devient sculpture: le poète essaie par la puissance et le mélange des couleurs, par la perfection et la finesse de la forme, par la pureté sévère et l'harmonie exacte des rimes, bref avec une virtuosité qui s'étend à tous les détails, de rivaliser avec ces petits chefs-d'oeuvre d'agate et d'onyx que nous ont laissés les Anciens et avec les peintures sur émail, françaises et italiennes, du temps de la Eenaissance. Dans "Emaux et Camées", auxquels on peut ajouter les poésies grivoises mais réellement merveilleuses du "Musée secret", (imprimées dans le "Théophile Gautier" de Bergerat) Gautier atteint la beauté plastique idéale qu'on retrouve tout au plus dans quelques poèmes de Leconte de Liste. La poésie intitulée "L'Art", la dernière du recueil, renferme dans un style lapidaire qui est un pur chef- d'oeuvre sa théorie de l'art. Gautier était tellement épris de l'art, dont il se faisait une conception si profonde, qu'il le mettait audessus de tout ici-bas et qu'il vo3^ait en lui la seule chose durable au milieu des révolutions des siècles. Il était sans doute trop enclin à ne juger une oeuvre d'art que d'après les difficultés vaincues, mais c'est qu'il croyait que c'est précisément cette lutte contre les difficultés qui assure à une oeuvre l'immortalité. Le poème se termine ainsi:
Tout passe. — L'art robuste
Seul a réternité; Le buste
Survit à la cité.
Et la médaille austère Que trouve un laboureur
Sous terre Révèle un empereur.
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Les dieux eux-mêmes meurent, Mais les vers souverains
Demeurent Plus forts que les airains.
Cela s'applique très justement à des vers commeceux qui précèdent.
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